Bonjour Thierry SAJAT !  Vous êtes à l'origine du livre Montmartre en poésie, une anthologie de poésie contemporaine mais surtout une anthologie de poésie montmartroise…Pourquoi Montmartre ?
 
Depuis des années, je suis amoureux de Montmartre. C’est un ami poète. Serge Moreau qui m'y avait emmené et depuis ce temps-là, je n'ai cessé d'y revenir. Etant parisien bien sûr, donc je ne suis pas loin. J'y ai pas mal d'activités aussi… J'organise des rencontres de poètes tous les mois et faisant partie de la République de Montmartre, je suis très présent sur la butte.
 
Qu’est-ce que vous retrouvez à Montmartre et que vous ne retrouvez pas ailleurs ?
 
À Montmartre, j'ai rencontré des personnes qui me ressemblent, j'y ai retrouvé une bande de copains qui, comme moi sont amoureux de Montmartre et qui aiment l'art. J’ai des amis chanteurs que vous connaissez sur Radio EVA, je pense aux amoureux du Sacré-Cœur comme à Alain Turban. On a des poètes également et je trouve que là-bas, on est ailleurs. On est vraiment dans un coin protégé comme un petit cocon et la poésie y est présente partout. D’ailleurs, on ne regarde pas le poète comme un fou, comme on peut le regarder quelques fois, non à Montmartre : on est chez soi.
 
Quelle est votre histoire avec la poésie ?
 
J'écris depuis la préadolescence donc depuis très longtemps… Cela fait au moins 45 ans que je me suis initié à l’écriture, je suis et je vis en poésie. C’est quotidien et plus fort que moi. J’ai toutefois, une vie tout à fait normale. Je travaille, je fais la fête, je vais au théâtre, etc. Mais la poésie est avant tout cela. J'ai besoin de me retrouver autour d'amis poètes, certes, j'ai besoin d’organiser des rencontres d’auteurs, j'ai besoin d’être dans la poésie, pour le plaisir des mots et pour le plaisir d'aimer, tout simplement. La poésie est une passion !
 
Dans « Montmartre en poésie », on y retrouve un mélange de poètes plus ou moins d’actualité, décédé ou non, comment s’est porté votre choix ?
 
Première chose : je voulais mettre des poètes contemporains et surtout laisser une place très importante au grand Bernard Dimey car c'est le poète de Montmartre. D’ailleurs pour parler de Bernard Dimey, je l'ai rencontré quand je suis arrivé à Paris juste avant qu'il ne s'envole… Malgré son décès, c'est pour moi un poète d'aujourd'hui. Dans cette anthologie, Je voulais aussi y insérer des noms d'auteurs peut-être moins connus parfois et c’est un choix car je lis beaucoup de poèmes d'anthologies et nous y retrouvons souvent des poètes que nous connaissons tous, que nous avons lus à l'école mais on ignore que la poésie existe toujours et on ignore que les poètes d'aujourd'hui existent. Ainsi dans cette anthologie, il y a une centaine d'auteurs qui pour la plupart sont des poètes d'aujourd'hui que je connais et que je rencontre.
 
Comment ont été sélectionnés les différents textes ?
 

J'avais un comité de lecture et on a reçu énormément de poèmes, on a supprimé quelques textes et quelques noms d'auteurs qui ne figuraient pas dans ce que nous attendions. Ce n'est pas qu'ils écrivaient mal, mais ça ne correspondait pas à nos attentes. On s'est alors mis au travail et il m’a fallu trois ans pour réaliser cette œuvre.
 
Un travail de longue haleine…
 
Absolument, le choix des textes fut travaillé pour présenter un bel ouvrage. Vous remarquerez qu'il y a beaucoup d'illustrations, beaucoup de vieilles cartes postales, d’ailleurs un peintre a fait la couverture. Il fallait travailler et pour travailler, il faut toujours du temps.
 
On voit les photos et les présentations des poètes dans cet ouvrage, était-ce essentiel pour vous ?
 
Oui, cela m'a semblé essentiel de mettre la photo de l'artiste quand celui-ci était d'accord, bien entendu. La plupart des poètes ont accepté et j’ai fait ce que je ne vois pas souvent dans un ouvrage comme le mien, j'y ai présenté à la fin du livre, les illustrateurs ainsi j'ai mis leurs photos et leurs références, je trouvais cela important parce que les artistes ont besoin d'être reconnus et d'être mis en avant. C'est important.
 
Les illustrateurs, parlons-en ?
 
Oui, je peux citer Jacky Redon qui fut un grand dessinateur du Figaro. Il nous a donné une magnifique illustration en dessinant Bernard Dimey, elle est vraiment sublime, j'ai eu l'autorisation de la revue Paris Montmartre pour pouvoir insérer cette œuvre. Je pense également à Roland Souchon pour la peinture. Mais il n'y a pas que lui, Il y a Nicole Durand aussi et d'autres noms qui sont peut-être moins connus, mais peu importe, ils existent. Voilà pour moi ce qui est important.
 
Dans cet ouvrage Il n'y a pas que des poésies, il y a aussi des chansons, considérez-vous qu'une chanson soit une poésie ?
 
Pas toujours. Ça dépend. Il y a des textes de chansons ou il y a des poèmes, c'est mon sentiment. Et il y a des poèmes qui sont chantés et dans cet ouvrage, il y a ceux de Bernard Dimey qui le sont par exemple. J’appelle cela de la poésie. Alain Turban nous a donné des magnifiques textes par ailleurs même si ce sont plus des paroles de chansons que de la poésie, me semble-t-il, ce qui n'enlève pas la qualité. Alain, qui est un ami, je sais comment il écrit et je sais sa richesse dans l'écriture. Donc il y a la place pour tout le monde dans cette anthologie.
 
Revenons à Montmartre, et parlons de ses places emblématiques : la place des Abbesses, la place du Tertre, etc. Pour vous, quel est l’endroit où vous aimez écrire ? Est ce qu'il y a des endroits qui vous inspirent un peu plus que d'autres à Montmartre ?
 
Cela dépend de l’instant ou je me trouve… J'aime beaucoup la place du tertre, c'est vrai, mais je me promène aussi vers les vignes. J'adore ! Je descends la rue des Saules et j’arrive vers le Lapin agile. Il y a de quoi s'inspirer vraiment. Et que dire de la place des Abbesses ou je me dirige toujours vers le petit café de Montmartre ou les amis m'attendent, l'inspiration est là, l’inspiration est partout. Pourvu que la poésie y soit, il suffit d’un rien, Une petite fleur peut vous donner un poème, un petit oiseau. Au café de Montmartre, on boit un verre avec un copain. La poésie est dans le verre.
 
D'ailleurs, Montmartre, c’est aussi le coin des bistrots…
 
Oui, j'adore me rendre au Pub Montmartre « Chez Clint »… Là-bas, il y a une ambiance, Il ne suffit pas d'être artiste. En fait, on y voit Monsieur tout le monde, on y entend la musique, on y entend un mot qui peut vous apporter beaucoup. Et il y a les copains, il y a l'amitié, sans amitié : La poésie n'existe pas.
 
Parlons du poète en général, puisque on dit souvent que le poète peut-être aussi et un homme très mélancolique. On pense notamment à Verlaine, Rimbaud, à tous ces noms-là. Mais en fait, j'ai l'impression que le poète, c'est aussi quelqu'un qui qui vit très de façon très intérieure, que ce soit ses peines, sa souffrance, sa façon de voir la vie et sa seule façon de les exprimer, c'est de les écrire ?
 
Effectivement, on a tous en soi une partie de mélancolie, selon l'instant où l'on se trouve à l'endroit, où on est, on le montre différemment. Et le poète est aussi un solitaire. Personnellement, j’ai des moments de solitude nécessaires à l'écriture, mais ce qui ne m'empêche pas d'avoir à côté, une vie tout à fait normale. Il ne suffit pas d'être poète pour avoir une vie normale ou pas, je baigne dans ce qu'est la vie, tout simplement. Mais l'écriture, il faut lui laisser sa place.
 
Un poète que vous retenez singulièrement dans cette anthologie ?
 
Bernard Dimey… Je suis un inconditionnel mais également Pierre Passot dont j'aime l'écriture et Serge Moreau, le poète qui m'a amené à Montmartre et qui nous a quitté car il était très âgé et très malade mais je retiens qu’il aura eu l’ouvrage avant de s'envoler. Il a écrit des textes magnifiques sur Montmartre.
Il y était venu à l'âge de seize ans et il connaissait tous les acteurs, les chanteurs comme les poètes par exemple Bernard Dimey avec qui il buvait souvent un verre. Il était également le cuisinier de Michel Magne. Il n’y a pas plus Montmartrois que Serge Moreau. D’ailleurs, quand il me parlait de Montmartre, j'étais ailleurs parce qu'il avait toujours une anecdote qui était en lien avec une autre et on n'en finissait pas, bref on était bien. Et Serge Moreau, je le connaissais depuis des années et c'est lui-même qui m'a fait connaître certains auteurs, dont Pierre Passot qui est le préfacier de cette anthologie.
 
Les associations Montmartroises ont pour certaines contribuées à la vie de ce livre en plus des poètes. Nous pouvons citer la République de Montmartre, comme les petits poulbots…
 
Oui et il y en a d'autres qu'il faut nommer, c'est très important…
Il y a les Amis de la poésie à Montmartre ou encore l'Académie de la poésie française que je préside. Mais sans tous ces amis, je n'aurais pas réussi à faire ce que j'ai fait, c'est vrai. Et je dois les remercier. Ainsi la République de Montmartre m'a soutenu. Je remercie le Président ainsi que son épouse d'ailleurs.
 
 
Ou peut-on acquérir ce livre ?
 
Je suis le diffuseur de ce livre, donc il suffit de taper mon nom sur Internet et il y a mes coordonnées. Vous pouvez également me contacter via mon site internet : https://www.editionsthierrysajat.com/
 
Ainsi dans votre maison d'édition, quelle sorte de livre vous aimez y retrouver, que vous aimez mettre en avant ?
 
La maison d'édition Thierry Sajat je l'ai créée il y a 20 ans au moins, dans ma jeunesse, je me suis fait escroquer par un éditeur. C’est à ce moment-là que je suis devenu mon propre éditeur, mais je ne pensais pas devenir celui de quelqu'un d'autre et des amis sont venus vers moi, j'ai pris goût à l'édition. Ainsi quand je reçois un manuscrit, je le lis, je trouve plein de choses dedans, je lis entre les lignes et puis je parle avec l'auteur de l'œuvre qu'il m'envoie, j'ai envie de la montrer. J'ai édité à ce jour 900 et quelques ouvrages et une quarantaine d'ouvrages à l'année à peu près. Mais ce sont surtout des recueils de poèmes. Il y a quelques romans, mais surtout des recueils de poèmes, parce que la poésie c'est ma vie, c’est mon choix.
 
Peut-être un jour un recueil de poésie honfleuraise…
 
Et pourquoi pas ? Cela me ferait plaisir, j'aime toujours essayer. D’ailleurs, je fais partie d'ailleurs des amis d'Alphonse Allais. Donc oui, Honfleur, je connais.
 
Parlez nous des magazines dont vous êtes à l’origine ?
 
En effet je suis à l'origine de deux magazines car j'ai ma propre revue qui s'appelle le journal à Sajat, on est en train de travailler pour le 122ᵉ numéro et l'Albatros c’est la revue de l'Académie de la poésie française qui pour sa part est une association. On est ici au 169ème numéro et pour ce magazine je travaille avec une équipe qui fait partie de l'Académie de la poésie française. C’est une association de poètes classiques et néoclassiques. Quand j'ai pris la présidence de l’académie, il y a six sept ans, il n'y avait que des poètes classiques, très très classiques qui sont toujours avec nous par ailleurs, c’est ainsi que j’ai ouvert au néoclassicisme pour évoluer si je puis dire. Donc nous nous réunissons chaque mois et on fait intervenir des conférenciers mais aussi des scènes ouvertes comme on peut aussi partir en voyage.
 
Comment encourager notre jeunesse à se réintéresser à la poésie ?
 

Il faudrait selon moi que la poésie, soit de plus en plus enseignée à l'école. Il faut montrer la poésie aux enfants quand ils sont petits, quand je lisais du Carême à mes filles, elles étaient enchantées.
 
Un dernier ver de poésie à nous offrir ?
 
Montmartre dans tes yeux, avec un ciel d'été à te faire miroir
Et je ne vis que toi dans le trait du soleil dessinant ta beauté,
Sous le crayon d'amour qui brûle encore mes doigts.
 
Merci Thierry.